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Château d'Issogne

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Dernière visite: 10/01/2025

Introduction

 Visitons ensemble les pièces de cette demeure seigneuriale, étage par étage, découvrons ses curiosités et admirons sa beauté !

Description

Contexte historique

La première nouvelle concernant la fortification du site où se dresse le château d'Issogne remonte à l'année 1151, lorsqu'une bulle du pape Eugène III documente la présence d'un domaine de l'évêque d'Aoste à Issogne. En réalité, un bâtiment romain existait déjà sur le même site depuis le 1er siècle avant J.-C., dont les murs d'enceinte de certaines pièces sont conservés dans le sous-sol des caves de l'actuel château.
 En 1255, la maison forte d'Issogne était encore sous contrôle ecclésiastique, et c'est en effet cette année-là que l'évêque d'Aoste de l'époque, Pierre di Pra, accorda un règlement de justice pour régler ses relations avec la communauté et la coexistence des habitants des territoires placés sous sa domination. Mais cela ne suffit pas à assurer la paix dans les domaines de l'évêque et, en effet, entre 1280 et 1350 environ, un conflit acharné opposa les seigneurs de Verrès à l'évêque, jusqu'au point culminant de l'incendie de la forteresse, qui causa de graves dommages à la structure. En conséquence, en 1379, l'évêque d'Aoste cède la juridiction d'Issogne à Ibleto di Challant, seigneur de Verrès pour avoir acquis le territoire des seigneurs du même nom.
 Ibleto, entre la fin du 14ème et le début du 15ème siècle, commença la construction d'une forteresse à la place de l'évêché, donnant naissance à une structure complexe de tours et de bâtiments de différentes formes et tailles, tous entourés de murs ; il semble que le complexe, plus qu'un château, était une élégante demeure dans le style du gothique courtois - ou international - qui se développa entre le milieu du 14ème et le milieu du 15ème siècle. Vers 1480, sous le règne de Louis de Challant, fils de Jacques, des travaux sont entrepris sur le château, et parmi les graffitis du château, on trouve la trace de travaux effectués dans une cave (1489 Jan Devalupe / a fait la cave de ce / chateaus pour / 20 florin ).
 En 1487, Louis de Challant meurt, laissant ses deux jeunes fils Philibert et Charles, dont les tuteurs sont nommés par le prieur George de Challant-Varey -cousin de Louis- et sa veuve Marguerite de la Chambre. Durant cette période, les travaux du château se poursuivent avec une grande ferveur, si bien que l'année 1494, selon la Computa Priorati Sancti Ursi, est l'année où les travaux du château d'Issogne atteignent leur apogée ; à la mort de Georges de Challant en 1509, les travaux sont achevés et le seigneur du château est Philibert, qui y réside avec sa femme Louise d'Aarberg et son fils René. C'est sous le règne de René de Challant, qui prendra pour épouse Manzia de Bragance en 1528, que le château prend définitivement l'allure d'une cour riche et raffinée, avec tous les meubles, objets d'ameublement et étoffes précieuses décrits dans l'inventaire dressé en 1565 après la mort de René. Mais comme nous l'avons déjà mentionné, l'année 1696 voit enfin la fin du procès qui opposait depuis 131 ans les descendants de la famille Madruzzo et les cousins d'Isabelle de Challant : le litige étant gagné par ces derniers, les del Carretto de Balestrina doivent restituer l'héritage du comte René aux barons de Challant-Châtillon.
 Un siècle plus tard, en 1796, François Maurice, dernier comte de Challant, décède, et comme son jeune fils Jules-Hyacinthe meurt en bas âge en 1802, le lignage s'épuise et une période de décadence s'ouvre, marquée notamment par une Garde Nationale qui emporte meubles et objets mobiliers en 1800.
 A partir de 1841, à la mort de Gabriella di Canalis di Cumiana, veuve de François Maurice di Challant, le château passe à son second mari, le comte Amédée-Louis Passerin d'Entrèves. En 1935, le ministre de l'Éducation nationale, Cesare Maria De Vecchi, promeut des travaux de restauration qui prévoient la réfection en profondeur des fresques des oratoires et de la chapelle. En 1948, suite à l'approbation du statut spécial de la Région Vallée d'Aoste, le château d'Issogne devient propriété régionale. Entre 1996 et 1998, l'intérieur du château a été réaménagé selon le plan voulu par Vittorio Avondo, reconstitué sur la base de photographies d'époque et d'inventaires établis en 1907 et 1911. Des travaux de restauration et d'entretien ont également été effectués sur le mobilier et l'ameublement, ainsi que sur certains éléments architecturaux, et des installations techniques ont été conçues pour répondre aux normes de sécurité en vigueur, ainsi qu'un système d'éclairage visant à mettre en valeur les pièces. Parallèlement, le relevé géométrique complexe de l'arbre-fontaine a été entamé : la fontaine d'origine se trouve toujours dans la cour, mais devra être remplacée par une copie pour permettre sa restauration. On ne sait pas encore si, une fois les travaux de restauration terminés, l'arbre original sera conservé dans un musée à Aoste ou s'il sera ramené à Issogne.

 Le château étage par étage

 Rez-de-chaussée

La belle porte en pierre [1] avec son profil de quille et les armoiries de la famille Challant était à l'origine l'entrée principale du château ; cependant, étant ouverte dans la tour est du complexe, elle fait face à la place du village d'Issogne et des raisons pratiques ont dicté aux visiteurs d'entrer par le côté ouest, comme cela est largement indiqué sur le site. De la cuisine, on accède directement à l'escalier de service [5] et de là, par un couloir, à l'office [6] et à l'escalier principal [7], qui est également accessible depuis la cour : il s'agit d'un escalier en colimaçon en pierre, un type caractéristique de l'architecture française mais que l'on trouve aussi traditionnellement dans le Val d'Aoste, qui est un chef-d'œuvre de maîtrise technique et un splendide exemple de conception. En principe, les marches en pierre taillée qui forment l'escalier ont la forme, comme les marches de tout escalier en colimaçon, d'un secteur circulaire en couronne, d'une épaisseur équivalente à la hauteur de la marche, mais dans leur partie la plus fine, elles se terminent par un élément cylindrique ; le chevauchement des marches entraîne l'alignement vertical de ces éléments cylindriques, comme s'il s'agissait de petits rochers. De cette manière, la colonne centrale de soutien est formée, tandis que les marches se déploient pour donner vie à l'escalier, se chevauchant les unes les autres et s'insérant dans la maçonnerie de la zone pour améliorer la stabilité de la structure. L'effet saisissant de l'escalier est complété par le plafond de la rampe continue, formé directement à partir de l'intrados des marches du giron supérieur ; l'escalier se présente ainsi comme un ruban unique, se déroulant autour de la colonne centrale, formé par la succession dans l'espace d'un seul élément simple, la marche.
 A côté de l'escalier d'honneur, on trouve la salle d'honneur du château [8], appelée aussi salle de justice ou salle basse, et deux chambres : la première, dite chambre des cuisiniers, était destinée au personnel de la cuisine [9], et la seconde, le cabinet de l'apothicaire, était la chambre de l'apothicaire [10].
 On entre dans la salle de justice par un compas en bois de belle facture ; on retrouve dans d'autres pièces la présence de compas en bois, utilisés pour créer une sorte d'antichambre dans les pièces qui s'ouvrent sur des espaces plus froids et réduire ainsi les déperditions de chaleur. La salle basse, de plan rectangulaire, est décorée de stalles en bois sculpté - dont les originaux se trouvent au musée de Turin - dans la partie inférieure des murs, tandis que la partie supérieure est peinte avec des tissus et des vignettes encadrées par des colonnes, représentant des vues de chasse, des scènes de la vie courtoise et des paysages nordiques. Sur le mur opposé à celui par lequel on entre dans la pièce se trouve une grande cheminée en pierre dont la hotte est décorée des armoiries de la famille Challant flanquées de deux griffons, tandis que sur le mur de gauche, celui qui donne sur la cour, entre les deux fenêtres, se trouve une fresque représentant le Jugement de Paris. Le plafond est en bois avec des poutres et des solives laissées apparentes et peintes ; les volets et les contrevents ont des panneaux sculptés de volutes et d'entrelacs, comme on en trouve dans la plupart des fenêtres du château.
 A gauche de la grande cheminée, une porte donne accès à une pièce que l'inventaire de 1565, dressé après la mort de René de Challant, indique comme le Petit Poële [11] et de là on passe à la salle des pèlerins - Cabinet des coquilles [12] et au Petit Cabinet près de celui des coquilles [13].
 En revenant dans la cour [A], on accède à une aile du complexe contenant le donjon [14], identifié dans l'inventaire de 1565 comme la Cuisine de la Buanderie, et d'autres pièces de service : buraterie prés du four [15], membre au-dessus du cellier [16], charnier [17] et cabinet de l'argenterie [18], toutes couvertes de voûtes en berceau.
 A côté de l'entrée de ce corps se trouve l'escalier, couvert d'une voûte en berceau rampant, qui mène au sous-sol du château [19], où se trouvent les caves. Par curiosité, nous rappelons que l'inventaire de 1565 énumère les locaux du sous-sol en les nommant dans l'ordre : première cave ; petite cave à la suite de la précedente ; troisième cave et membre ou l'on tient le fromage ; cave du coté du four, prè du verger du soleil couchant ; cellier à gauche.
 Le jardin [B], quant à lui, donne sur les chambres d'hôtes, destinées à l'origine aux hommes d'armes, divisées en deux pièces dont la plus grande est couverte de voûtes d'arêtes : il s'agit de la salle du jardin [20] et de la chambre du jardin [21]. La cour [A], qui abrite la célèbre fontaine aux grenades, est un espace étonnamment serein : l'horizontalité des corniches à cordons, associée au rythme donné par la répétition des arcs surbaissés des loggias, crée une atmosphère enveloppante et évocatrice, complétée par le bruit de l'eau qui jaillit de la fontaine.
 Le puits, symboliquement octogonal, est en pierre et est décoré des armoiries de la famille Challant. Du puits jaillit un grenadier, réalisé en fer forgé au XVe siècle, dont les branches font jaillir l'eau, selon une symbolique précise qui associe les valeurs vitales et purificatrices de l'eau et du puits octogonal - référence évidente aux fontaines baptismales de la tradition chrétienne - au concept de fécondité inhérent à la conformation même du fruit de la grenade, le tout faisant partie d'un projet plus large d'autocélébration de la famille Challant, dont la généalogie est, sans surprise, enregistrée dans le Miroir pour les enfants de Challant, qui décore les façades intérieures du château.
 Le tronc et les branches du grenadier sont ciselés pour imiter l'écorce, les feuilles sont marquées par les nervures, les grenades sont réalisées en deux moitiés distinctes ; l'arbre était à l'origine peint à l'huile selon sa coloration naturelle, et des traces de couleur subsistent encore aujourd'hui. L'arbre de la cour est toujours l'original, mais il nécessite des travaux de conservation. L'étude de la structure de l'arbre a déjà été réalisée, de sorte que le grenadier sera bientôt remplacé par une copie et fera l'objet des travaux nécessaires.
 La cour est presque entièrement pavée, tandis que le jardin adjacent [B] est organisé selon les dictats formels du jardin italien, avec les limites évidentes imposées par l'espace relativement restreint dont on dispose.


 * Premier étage
 * Deuxième étage

 Un livre en forme de château

* Les fresques
 * L'histoire et la célébration de Challant
 * Les graffitis

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