Denis Guedj est d'origine algérienne et enseigne l'histoire des sciences à l'université Paris VIII. C'est un détail important, car il explique beaucoup de choses sur la genèse et le contenu de cette simple novella : 70 pages apparemment plus adaptées aux enfants curieux d'histoire et fascinés par les progrès de l'humanité. Le protagoniste est La Bela, la première des caravelles, née pour les découvertes ou, comme nous le dirions aujourd'hui, pour les aventures extrêmes. Et jusqu'où cette limite a été conceptuellement repoussée nous apparaît clairement à travers de nombreuses observations simples, qui semblent aujourd'hui évidentes même pour un écolier, alors qu'à l'époque elles laissaient pantois même des hommes très expérimentés, prêts à tout, comme les capitaines et les barreurs de longue date : l'ombre qui disparaît parce que le soleil est d'aplomb ou l'étoile polaire qui tombe derrière l'horizon pour laisser place à un ciel complètement nouveau, inconnu, avec des étoiles sans nom. Bela était avec eux, du moins dans l'imagination de l'auteur, et elle nous raconte sa vie de protagoniste docile mais intrépide, toujours prête à satisfaire le capitaine de service et à prêter ses voiles à des vents qui devenaient de moins en moins habituels. Malheureusement pour elle, elle ne manque qu'un seul rendez-vous : celui avec l'histoire, avec ses trois sœurs Niña, Pinta et Santa Maria. Colomb et ses caravelles "s'écrasent" sur un nouveau continent et en gardent un souvenir impérissable, hommes et navires confondus. Mais d'elle, La Bela, aucun souvenir ne restera, alors qu'elle fut la première de toutes, alors que ce sera à son tour de faire le premier tour du monde, en ramenant les survivants de l'expédition de Magellan. Quelle injustice !
Pour un jeune qui découvre les bases de la géographie et des techniques de navigation, ce simple récit est une véritable provocation à chaque page : observations et explications, problèmes et solutions se succèdent, mais avec une telle sérénité de ton que c'est un véritable aiguillon pour la curiosité. Comment ne pas vouloir en savoir plus sur les indigènes de Patagonie au visage peint en rouge et aux cheveux blancs ? La Terre est-elle aussi ronde qu'une orange ou qu'un citron ? Comment les marins connaissaient-ils leur position en haute mer grâce à de mystérieux instruments comme l'astrolabe ou les tables astronomiques ? Comment ne pas se perdre dans un monde dont il n'existe pas de carte ?
Les réponses ont lentement évolué et sont aujourd'hui à la portée de tous, mais cela ne signifie pas qu'elles sont connues de tous. Au contraire, elles ont probablement conservé leur héritage d'ingéniosité, et les dépoussiérer permet de réaliser un acte d'"archéologie intellectuelle" tout aussi fascinant que les artefacts historiques plus classiques.
La Bela. Autobiographie d'une caravelle
Denis Guedj
2002
Italien
10.00€
Denis Guedj est d'origine algérienne et enseigne l'histoire des sciences à l'université Paris VIII. C'est un détail important, car il explique beaucoup de choses sur la genèse et le contenu de cette simple novella : 70 pages apparemment adaptées aux enfants curieux d'histoire et fascinés par les progrès de l'humanité. En fait, sous la forme d'un conte, nous suivons une véritable leçon sur les étapes qui ont caractérisé une saison irrémédiable de l'humanité. Le protagoniste est La Bela, la première des caravelles, née pour les découvertes ou, comme nous le dirions aujourd'hui, pour les aventures extrêmes. Et jusqu'où cette limite a été conceptuellement repoussée nous apparaît clairement à travers de nombreuses observations simples, qui semblent aujourd'hui évidentes même pour un écolier, alors qu'à l'époque elles laissaient pantois même des hommes de grande expérience et éprouvés, prêts à tout, comme les capitaines et les barreurs de long cours : l'ombre qui disparaît parce que le soleil est d'aplomb ou l'étoile polaire qui tombe derrière l'horizon pour laisser place à un ciel complètement nouveau, inconnu, avec des étoiles sans nom. Deux exemples simples qui nous font réfléchir sur l'ampleur de l'épreuve à laquelle se sont soumis ces pionniers de l'inconnu. La Bela était avec eux, du moins dans l'imagination de l'auteur, et elle nous raconte sa vie de protagoniste docile mais intrépide, toujours prête à satisfaire le capitaine de service et à prêter ses voiles à des vents de moins en moins habituels. Malheureusement pour elle, elle ne manque qu'un seul rendez-vous : celui avec l'histoire, avec ses trois sœurs Niña, Pinta et Santa Maria. Colomb et ses caravelles "s'écrasent" sur un nouveau continent et en gardent un souvenir impérissable, hommes et navires confondus. Mais d'elle, La Bela, aucun souvenir ne restera, alors qu'elle fut la première de toutes, alors que ce sera à son tour de faire le premier tour du monde, en ramenant les survivants de l'expédition de Magellan. Quelle injustice ! Pour un jeune qui découvre les bases de la géographie et de la technologie appliquées à la navigation, ce simple récit est une véritable provocation à chaque page : observations et explications, problèmes et solutions se succèdent, mais avec une telle sérénité de ton que c'est un véritable aiguillon pour la curiosité de chacun. Comment ne pas vouloir en savoir plus sur les indigènes de Patagonie au visage peint en rouge et aux cheveux blancs ? La Terre est-elle aussi ronde qu'une orange ou qu'un citron ? Comment les marins connaissaient-ils leur position en haute mer grâce à de mystérieux instruments comme l'astrolabe ou les tables astronomiques ? Comment ne pas se perdre dans un monde dont on ne connaît pas la carte ? Les réponses se sont succédées lentement et sont aujourd'hui à la portée de tous, ce qui ne veut pas dire qu'elles sont connues de tous. Au contraire, elles ont probablement conservé leur héritage d'ingéniosité et leur dépoussiérage donne lieu à un acte d'"archéologie intellectuelle" tout aussi fascinant que les artefacts historiques plus classiques.